mardi 19 décembre 2006

Five Little Fingers

Je fais jamais de mes enquêtes des histoires personnelles. Parce que rien que le concept, je comprends pas. J'ai jamais pu faire mon taff, placidement, l'air de rien. C'est peut-être pour ça qu'on me refile toujours les cas bien compliqués. La Balistique ne m'a rien ramené de bien probant, rien qui puisse me faire avancer pour le moment du moins. Effar, il a parlé un peu, on a laissé filé quelques jours. Je me suis pointé chez lui, belle bibliothèque, beau salon, à ce que j'ai vu. Rien de tape-à-l'oeil. Ces deux-là n'avaient pas grand chose à prouver, je pense. Je lui ai demandé s'il savait que sa femme prenait des anti-dépresseurs et tout le toutim. Il est plus ou moins tombé des nues. Pareil pour les questions à la con, est ce que quelqu'un lui en voulait, la menaçait... De la connerie, tout ça. Forcèment, le pauvre, il en menait pas large. Surtout après avoir appris par quelqu'un que tu connais ni d'Êve ni d'Adam que ta femme, canardée quelques jours plus tôt, était à ce moment-là en pleine ascension vers le monde merveilleux et factice du bien-être chimique.

Tout le monde voulait lui parler, tout le monde avait appris. La plupart du temps, ils appelaient catastrophés. Mais que s'est-il passé? Comment? Pourquoi? Eux, ils cherchaient des réponses. Lui était resté coincé à un stade inerte d'hébétitude. Ca n'était pas vraiment du déni. Puisque, la seule phrase qui résonnait dans sa tête était : elle est morte, elle est morte. Bien entendu, il devait y avoir une explication à ça, et ça devait être important de savoir pourquoi et comment, et qui. Mais, si l'on veut répondre à certaines interrogations, il faut accepter que le temps continue d'avancer, et qu'on a une emprise directe dessus. Mais, elle, avait-elle laissé une quelconque trace? Elle avait existé et maintenant elle n'était plus. Il avait entendu l'inspecteur en charge de son dossier lui dire qu'elle s'était droguée. Alors peut-être qu'elle n'était déjà plus là un peu? Comment n'avait-il pu voir qu'elle était déjà en train de partir? Et puis, il y avait eu une secousse énorme : Connaîtriez-vous quelqu'un qui puisse lui en vouloir au point de l'assassiner? Et il avait réalisé que même s'il avait voulu la retenir, il n'aurait pas pu. Que rien n'aurait pu l'arracher à la mort. Quoiqu'il fasse. La main du flic s'était à nouveau posé sur son épaule. Comme le jour où il était allé à la Morgue. Non, il n'y avait rien qu'il eut pu faire pour éviter sa mort... Mais, s'il pouvait juste savoir qui et comment...

Quand tu joues à la roulette russe, à un moment ou à un autre, ça finit toujours par te retomber dessus. Partir de ce principe, ç'est même pas essentiel, c'est vital. J'ai vu pas mal de types s'enfoncer sur un coup de tête. Y'a pas grand chose à en dire, soit ils étaient frappés, soit ils étaient complètement cons. Le mec qui a tué cette nénette, il est loin d'être con. Mais il doit être bien taré pour jouer à la roulette russe sur les autres. Je crois pas pour autant que ce meurtre ne soit que le fruit du hasard.
Et, ça, c'est bien ce qui me chiffonne.

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