samedi 23 décembre 2006

Six, little marks…


Il n’avait pas pu dormir ces dernier temps. Sa sœur lui avait dit que c’était normal. Que ça passerait. Comme la douleur. Le Commissaire ne lui avait pas posé plus de questions. Il lui avait foutu la paix. Et lui qui croyait que le mari était toujours le principal suspect… Il avait demandé un congé maladie. Il ne savait même pas pourquoi. Il tournait en rond dans son appartement, remettant de l’ordre alors que tout était déjà rangé. Sa sœur voulait passer emballer les affaires. Mais Yolande n’était pas encore enterrée. Il avait refusé.

Au fond de lui il se demandait s’il avait vraiment connu sa femme. Il regardait à nouveau les affaires qui lui appartenaient. Il remarquait certains détails qui lui avaient échappé. Rien qui pourrait expliquer sa mort. Des choses qui pouvaient expliquer sa vie. Ce qu’elle était. Qui elle était.Il avait trouvé l’endroit où elle cachait ses anxiolytiques. Traitement des angoisses aiguës. Il n’avait pas remarqué. Il n’y avait pas eu de signes. Pas d’appel à l’aide. Rien.
Il avait renversé son flacon de parfum. Elle en avait changé. Il n’avait pas remarqué.
Trop de choses qu’il ne voyait plus depuis longtemps. Ce qui se passe quand le couple prend un air d’acquis.
Il finit par sourire, un de ces sourires tristes, d’où aucune chaleur ne perce. L’inspecteur finirait par mieux connaître Yolande que lui. Parce que Martigan, prenait la peine de la regarder à nouveau.
Lui visiblement, avait oublié de le faire pendant trop longtemps.



A force de regarder ces putains de photos, j’en avais mal aux yeux. Ils ne penseraient jamais à changer ces saletés de néons. Allumés de jour comme de nuit, à te vriller les nerfs optiques pour te rappeler comme c’est bon de servir la justice. Merci du cadeau Messieurs les Elus, oubliez moi pour Noël. On m’a déjà offert un cadeau cette année. Et justement ce cadeau je l’ai sous les yeux.

Le gars de la photo c’était excité sur son appareil. Mais il ne manquait rien. On voyait tout, même ce qui ne servirait probablement pas. Son sac renversé, ses clefs encore à la main. Son vernis à ongle écaillé à certains endroits. Et six petites marques bizarres à l’avant de chacune de ses chaussures vernies. Des chaussures de princesse. Le genre de truc que les gamines veulent avoir quand elles ont dix ans, qu’elles finissent par oublier pendant vingt ans et qu’elles achètent des qu’elles ont les moyens. Avec un tas de justifications en plus de ça. Ouais je me plante pas. Six petites marques parallèles, là, sur le devant de ses deux chaussures. Et du récent avec ça, j’en mettrais ma main à couper. Le labo doit pas tarder à m’envoyer les résultats. En attendant, faudra voir ça avec le mari.

Je me retape le rapport d’autopsie simplifié. Le truc que me pond le Doc pour que je comprenne tout. La balle qui l’a tuée, un neuf millimètres. Efficace. Même pas entre les deux yeux. On casse le cliché, pas d’épisode télé sur cette affaire. Entrée propre, la sortie un peu moins. Valait mieux pas qu’il la touche, c’est sur. Son mari m’a donné les doubles des clefs de sa femme. Quatre en tout de son côté. Mais six sur la dame. Encore un truc qui colle pas. Le nombre six revient. Et je sais que ça n’a aucun rapport. Mais faut bien se raconter des histoires pour essayer de comprendre l’histoire.

J’ai du contacter ses parents, ils m’attendent à côté. Je devrais pas trop traîner, mais j’ai pas envie de revoir encore et encore le même regard d’espoir quand je passe le seuil de la porte. Les regards qui attendent des réponses, qui attendent des explications. Pour pouvoir accepter l’inacceptable. J’ai rien à leur donner, pas un début de piste. Pas l’ombre d’un suspect. Ouais, ils vont être sacrements déçus. Ils pourront peut être me dire pourquoi elle tournait à l’antidépresseur. Et avec de la chance, le nom du psy qui lui a prescrit. Ca serait déjà un début.

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