jeudi 28 décembre 2006

The Seventh Sin

Les gens ne diront jamais assez ce qu'ils pensent, j'imagine. Combien de démons intérieurs pourraient être combattus si l'on les mettait simplement en lumière? On se rendrait compte que finalement ils n'ont rien de diabolique... C'est une question de maîtrise.
Mais, quand tu enterres quelqu'un qui venait te voir régulièrement, qui se confiait à toi, qui essayait de voir la lumière en lui-même, il y a quelque chose d'horrible qui fait surface.
Oui, quelque chose comme l'impuissance et comme la vanité de toutes choses.
Qu'on avance en faisant face à soi-même ou non, la fin, l'issue sont toujours les mêmes.
Combien la mort est brutale, le pourquoi aussi finalement ne font pas sens.
En tant que prêtre, c'est ce que j'ai appris à l'enterrement de Yolande.
Quelle leçon tirer de tout cela?
L'absurdité peut prendre pas sur la foi à n'importe quel moment.
Et la vague de questions sans réponse, de questions posées en de mauvais termes font leur intrusion et effritent doucement ce sur quoi quelques instants auparavant tu te reposais de tout ton poids, sans redouter que cela rompe.
Il n'y a pas de doutes sur le fait que j'étais très attachée à elle. Elle était touchante, trop intelligente, trop sensible. Elle lançait tous ces efforts pour surmonter ça, trouver Dieu, se trouver elle-même. Ca ressemblait vraiment à un mode d'emploi pour survivre : si je veux aller bien, je dois faire ça, je dois faire ci. Il le faut. S'en sortir, coûte que coûte et vivre quoiqu'il arrive. Bien sûr, elle portait un trop lourd poids pour ses épaules, ce secret épouvantable...
En parler lui faisait du bien, mais il restait cette notion expiatoire : le fait de s'en sentir soulagée quelques instants la replongeait à nouveau dans une immense culpabilité.
Comme si cesser une seconde de considérer qu'elle n'était pas un monstre allait faire d'elle un véritable monstre.

Bien sûr qu'avec Yolande, nous avions des rapports qui allaient en l'encontre de mon statut. Et cela n'arrangeait pas les choses. Ce qui explique aussi peut-être pourquoi je me sens tant responsable de sa mort. Même s'il ne s'agit pas d'un suicide.
Depuis qu'elle est partie, il y a ce poison distillé dans mes veines, cette panique immense. J'aurais beau avoir l'air détaché, il va falloir que je prenne les choses en main. Que je m'affronte à mon tour.
Lorsque le service funèbre sera terminé, j'enverrai ma lettre. Et j'irai à la police trouver la personne qui s'occupe de l'enquête. Je peux aider, je dois aider.
Ne plus porter l'habit de prêtre sera quelque chose de très étrange pour moi.
Ne plus porter Dieu en moi l'est déjà tout autant.

5 commentaires:

Pico a dit…

Vous comment ca part les filles, je sais pas si je dois vous conseiller de vous mater Twin Peaks ou pas...

En tout cas, juste par info sans rien vous spoiler du tout, le mode d'écriture de la série de Lynch était quasiment le même. Il explique même que son trip à lui, c'était de donner dans l'ambiance, que le scénario et les suspenses installés étaient secondaires... on passait de fait d'un épisode comico-burlesque à un truc mystique et la semaine suivante c'était du policier pur et dur avant de tomber dans le western...

Bref, le passage d'une ambiance à l'autre avec en fond cette histoire de personnage féminin présent/absent, ca surfe brillament sur des vagues parallèles aux univers Lynchien...

Enfin voilà, parenthèse terminée, bravo et miammiam, encore, donnez m'en plus!!!!

Anonyme a dit…

Lynchien, peut-être, mais le découpage en messages rend tout de même les éventails d'introspection un peu plus accessibles (ahk, y'a des fans qui vont me lyncher...)

Ceci mis à part, je suis toujours avec autant de plaisir, et accessoirement, je me marre d'avance;

Amiante, as-tu la moindre idée de ce que tu as fait en donnant un PRETRE à Kirath... ? (gnak gnak gnak ;-P )

Jo a dit…

Vois le bon côté Amiante, ça aurait été pire si tu le lui avais donné à lui....

Emi a dit…

Mais je savais pertinemment que je ne savais pas que je faisais. C'est ça qu'est marrant. Et oui.

Pico a dit…

Bein pour te répondre Saarlander, j'ai l'impression qu'on est plus habitué, encore aujourd'hui, à l'introspection décrite par le média littéraire qu'à celle décrite par un média aussi violent que l'image (question transmission de message)...

M'enfin, du moment que c'est aussi bon que ce que les filles font je vois pas pourquoi on s'emmerderait à déblatérer plus sur les possibles similitudes avec l'oeuvre de Lynch :).

Amiante> Tu es effectivement inconsciente...mais on apprends petit à petit... :)